Page:Baker - Pourquoi faudrait-il punir, 2004.djvu/111

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qui me parlait avec beaucoup de compassion d’un condamné qui en était malade chaque fois qu’il devait déposer la nourriture dans la fosse aux serpents.[1]

Je reste persuadée que seul un petit enfant, parce qu’il déborde d’amour et qu’il ne saisit peut-être pas encore toute la saleté des choses, peut pardonner les sanctions qu’on lui inflige. Passé un certain âge, toute punition est une provocation au ressentiment voire à la colère. Le travail forcé doux comme les autres. D’autant que, contrairement à une idée reçue, il ne s’agit en rien d’une réparation.

Cet expédient offre pourtant un intérêt : des juges qui ont du cran s’en servent pour manifester publiquement que « tout vaut mieux que la prison » et c’est un message qui fait son chemin.

Dernier gadget sorti : le bracelet électronique. Le principe en avait été adopté en décembre 1997 et c’est en 2000 que cent premiers détenus ont été mis à l’épreuve du système. Le ministère a été discret sur les résultats.

Le placement sous surveillance électronique consiste, sur décision de justice, à contrôler à distance les allées et venues d’un individu portant un bracelet relié par un modem à un ordinateur central qui enregistre et signale toute infraction aux règles des seuls parcours autorisés.

Ce qui avait été conçu à l’origine comme une alternative aux courtes peines d’emprisonnement semble à présent surtout tenter les juges d’application des peines qui souhaiteraient que soient surveillés de près les libérés en conditionnelle. N’est-il pas intéressant de relever dans la loi Perben qu’aux critères de révocation prévus s’ajoutent désormais les cas « d’inconduite notoire » ? Autre innovation remarquable : jusqu’alors la surveillance des écrans de contrôle était confiée à des fonctionnaires de l’administration pénitentiaire, la nouvelle loi permet de laisser

  1. Ce qui n’empêche pas, dans certains cas, une gratitude réelle de celui à qui la ou le juge a évité la catastrophe de l’incarcération, les apaches savent aussi faire la part des choses et reconnaître la générosité. Elle est si exceptionnelle.