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AU RYTHME DE L’HISTOIRE,
LA VALSE DES IDÉES


Dans les premières civilisations et sur tous les continents habités, on a d’abord puni pour montrer aux dieux qu’on prenait leur parti contre ceux qui les offensaient : s’il entrait dans les interdits par exemple de tuer quelqu’un d’autre que ses enfants mais aussi bien de manger du mil à la pleine lune, on ne s’étonnait nullement de voir les deux interdits sanctionnés par la même peine de mort et il faudra des millénaires pour qu’on en vienne à échelonner des degrés d’infraction.

Le code d’Hammourabi, sévère et raffiné, date d’environ 1750 avant notre ère : il n’était qu’une réorganisation d’autres codes sumériens bien plus anciens comme celui d’Ouroukaniga écrit vers 2400. Avec le droit romain, on tente de rationaliser lois et sanctions, mais c’est en grande partie un échec : le droit pénal restera foncièrement sentimental jusqu’à nos jours, il s’incline toujours devant l’émotion suscitée par telle ou telle attitude. En France longtemps on a brûlé la langue des sacrilèges ; en 2003 dans un pays très civilisé comme le Nigeria, on lapide les femmes adultères ; et à présent que le vol de rue se répand, il n’est pas