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prompts à punir. Dans C’est pour ton bien[1], elle montre avec sa limpidité habituelle qu’un enfant qui n’a jamais connu la clémence lorsqu’il a fait une bêtise n’éprouvera aucune pitié face à ses victimes. De la même façon, celui qui aura été condamné froidement à une peine sévère pour un hold-up n’hésitera pas à tuer froidement lors d’un prochain braquage.

La prison appelle la récidive parce qu’elle jette dehors des gens désaxés, miséreux, perdus pour tous, mais aussi parce que beaucoup de délinquants « se sont installés » en taule, que celle-ci est devenue le lieu où ils ont échafaudé comme ils ont pu leur personnalité de « mauvais garçon », qu’elle est l’unique refuge de leur chienne de vie.


« La punition est toujours un acte de haine » écrivait le pédagogue Alexander Neill.[2]

J’ai vécu à une époque où quelques rares parents élevaient leurs enfants sans jamais les punir, cette seule idée les aurait horrifiés ; ils les éduquaient avec une immense attention. Leurs enfants ont à leur tour des mômes qu’ils élèvent avec le même respect qu’on leur a toujours tendrement témoigné, ce qui suppose une grande exigence envers soi-même et c’est cette exigence qui se transmet par osmose. Mais voilà… c’est une autre conception de la vie (concevoir la vie autrement est possible !). Il arrive dans ces familles que l’on cède à la colère, mais jamais on n’abaissera son enfant par le châtiment, la sanction, la menace, la punition qui sont les armes de celui qui se veut le plus fort contre le faible et ne font passer de génération en génération qu’une chose, le goût pervers des auto-flagellations ou le désir de punir. Ceux qui désirent vivre une amitié profonde avec leurs enfants les traitent avec toute l’estime et la sollicitude que nous avons pour nos amis les plus chers : si l’un de ces proches fait

  1. C’est pour ton bien, op. cit.
  2. Alexander Neill, Libres enfants de Summerhill, Maspero, 1970.