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PISTES ABOLITIONNISTES


Les abolitionnistes n’ont pas de sens commun. En luttant contre l’esclavage puis contre la peine de mort, ils étaient battus d’avance.

Pourtant ils ont gagné ces deux combats presque partout. Et c’est incroyable. Parce que leur lutte était absolument utopique : l’esclavage comme la punition par la mort avaient existé de tout temps et devaient donc, comme la soumission des femmes ou des enfants, comme la maladie et les infirmités, de tout temps exister. C’était comme ça.

D’autres abolitionnistes (ou les mêmes) ont engagé le combat contre la prison. On leur oppose indéfiniment cette même résignation : oui, incarcérer est un peu navrant, un peu barbare, mais il n’y a pas moyen de faire autrement.

Dans ce beau printemps de mai 68 qui dura une dizaine d’années, on a réfléchi beaucoup. On était prêt dans les domaines les plus variés à « tout arrêter » et à tenter des expériences inouïes, c’est-à-dire dont jamais personne n’avait entendu parler. Et ce n’était pas triste. En ces années 70, on parla de l’abolition des prisons. Dans certains pays, notamment au nord de l’Europe (en