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pas nuire à la bonne santé des prisonniers ? Dans deux autres articles, il est demandé aux geôliers de présenter tout malade à un médecin ou chirurgien et de le transférer en chambre individuelle. Un progrès par rapport aux culs-de-basse-fosse.

La prison a toujours été comme il faut (réglementaire). Dans les textes. Et toujours des hommes ou des institutions se sont élevés contre la pente naturelle de l’incarcération qui ne peut mener qu’à l’abus de pouvoir jusqu’au sadisme contre ceux, exclus de la société civile, qui n’ont plus de défense. Déjà en 1557, Henri II avait tenté de réformer le système pénitentiaire ; il disait ce que disent tous les réformistes d’aujourd’hui et de demain : « Les prisons, qui ont été faites pour la garde des prisonniers, leur apportent plus grande peine qu’ils n’ont méritée. »

Qu’on nous pardonne de rappeler que l’emprisonnement, sous l’Ancien Régime, n’était pas alors une peine[1] mais un lieu de garde en attente du jugement, de la mort ou des galères, à moins qu’elles n’accueillissent des débiteurs comme otages pour les contraindre, eux ou leurs proches, à acquitter leurs dettes. Dans les prisons d’État, comme en France le château de Vincennes ou la Bastille, n’étaient enfermés que les prisonniers politiques. Cependant il y avait effectivement, dans les maisons de force, de véritables détenus (sans jugement) : mendiants, vagabonds, prostituées, malades mentaux. Malesherbes, qui avait déjà obtenu de Louis XVI l’abolition de la question, lutta sans désemparer pour que s’améliorât le sort des pauvres hères enfermés.

Dans tous les pays, à toutes les époques, on a toujours voulu réformer les prisons parce que l’incarcération était un acte de barbarie. On peut la réformer autant qu’on voudra, elle ne cessera jamais de l’être. Les détenus ont le droit à la télévision et aux tranquillisants mais, d’année en année, pour les mêmes inculpations, les peines s’allongent sans fin.

  1. Nous laissons de côté le cas des « fillettes », ces cages où l’on ne pouvait ni s’allonger ni se tenir debout. Il s’agissait là d’un supplice pour déchirer ou déformer les tendons. L’Italie médiévale a peut-être été l’inspiratrice de Louis XI, les vengeances italiennes étaient particulièrement inventives.