Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/119

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la recherche de ses éléments, et si nous jugeons de cette science, la plus difficile de toutes, d’après l’exemple des autres, nous devons reconnaître qu’il lui faudra des siècles, un siècle au moins, pour se constituer définitivement et pour devenir une science sérieuse, quelque peu suffisante et complète. Comment faire alors ? Faudra-t-il que l’humanité souffrante, pour se délivrer de toutes les misères qui l’oppriment, attende encore un siècle et plus, jusqu’au moment où la sociologie positive, définitivement constituée, viendra lui déclarer qu’elle est enfin en état de lui donner les indications et les instructions que réclame sa transformation rationnelle ?

Non, mille fois non ! D’abord, pour attendre quelques siècles encore, il faudrait avoir la patience… cédant à une vieille habitude, nous allions dire la patience des Allemands, mais nous avons été arrêtés par cette réflexion, que dans l’exercice de cette vertu d’autres peuples ont aujourd’hui surpassé les Allemands. Et ensuite, supposant même que nous eussions la possibilité et la patience d’attendre, que serait une société qui ne nous présenterait rien que la traduction en pratique ou l’application d’une science, lors même que cette science serait la plus parfaite et la plus complète du monde ? une misère. Imaginez-vous un univers qui ne contiendrait rien que ce que l’esprit humain a jusqu’ici aperçu, reconnu et compris, — ne