Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/140

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ses mouvements propres, de ses instincts et de ses différents appétits, en tant que passagers et particuliers, ce qui lui donne la possibilité de les comparer entre eux, comme il compare les objets et les mouvements extérieurs, et de prendre parti pour les uns contre les autres, selon l’idéal (social) qui s’est formé en lui — voilà le réveil de la conscience et de ce que nous appelons la volonté.

L’homme possède-t-il réellement une volonté libre ? Oui et non, c’est selon la manière dont on l’entend. Si, par volonté libre, on veut dire le libre arbitre, c’est-à-dire, la faculté présumée de l’individu humain de se déterminer spontanément, de lui-même, indépendamment de toute influence extérieure ; si, comme l’ont fait toutes les religions et toutes les métaphysiques, par cette prétendue volonté libre on veut arracher l’homme au courant de la causalité universelle qui détermine l’existence de toute chose et qui rend chacune dépendante de toutes les autres, nous ne pourrons faire autrement que la rejeter comme un non-sens, car rien ne peut exister en dehors de cette causalité.

L’action et la réaction incessante du tout sur chaque point et de chaque point sur le tout, constituent, avons-nous dit, la vie, la loi générique et suprême et la totalité des mondes, qui est toujours, et en même temps, et producteur et produit : éternellement active, toute-puissante, cette universelle solidarité, cette cau-