Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/141

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salité mutuelle, que nous appellerons désormais nature, a créé, avons-nous dit, parmi une quantité innombrable d’autres mondes, notre terre, avec toute l’échelle de ses êtres, depuis le minéral jusqu’à l’homme. Elle les reproduit toujours, les développe, les nourrit, les conserve, puis lorsque leur terme arrive, et souvent même avant qu’il ne soit arrivé, elle les détruit ou plutôt les transforme en êtres nouveaux. Elle est donc la toute-puissance, contre laquelle il n’y a pas d’indépendance, ni d’autonomie possibles, — l’être suprême qui embrasse et pénètre de son action irrésistible toute l’existence des êtres, et parmi les êtres vivants, il n’en est pas un seul, qui ne porte en lui-même, sans doute plus ou moins développé, le sentiment ou la sensation de cette influence suprême et de cette dépendance absolue. — Eh bien, cette sensation et ce sentiment constituent le fond même de toute religion.

La religion, comme on voit, ainsi que toutes les choses humaines a sa première source dans la vie animale. Il est impossible de dire qu’aucun animal, excepté l’homme, ait une religion ; parce que la religion la plus grossière suppose encore un certain degré de réflexion, auquel aucun animal, hormis l’homme, ne s’est jamais élevé. Mais il est tout aussi impossible de nier que dans l’existence de tous les animaux, sans en excepter aucun, ne se trouvent tous les éléments,