À en juger d’après les rapports unanimes des voyageurs, qui, depuis le siècle passé ont visité les îles de l’Océanie, comme de ceux qui de nos jours ont pénétré dans l’intérieur de l’Afrique, le Fétichisme doit être la première religion, celle de toutes les peuplades sauvages, qui se sont le moins éloignées de l’état de nature. Mais le Fétichisme n’est autre chose que la religion de la peur. Il est la première humaine expression de cette sensation de dépendance absolue, mêlée de terreur instinctive, que nous trouvons au fond de toute vie animale et qui, comme nous l’avons déjà dit, constitue le rapport religieux des individus des espèces même les plus inférieures avec la toute-puissance de la nature. Qui ne connaît l’influence qu’exercent et l’impression que produisent sur tous les êtres vivants, sans en excepter même les plantes, les grands phénomènes réguliers de la nature ; tels que le lever et le coucher du soleil, le clair de la lune, le retour des saisons, la succession du froid et du chaud, l’action particulière et constante de l’océan, des montagnes, du désert, ou bien les catastrophes naturelles, telles que les tempêtes, les éclipses, les tremblements de terre, aussi bien que les rapports si variés et mutuellement destructifs des espèces animales entre elles et avec les espèces végétales ; — tout cela constitue pour chaque animal un ensemble de conditions d’existence, un caractère, une nature ; et