Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

saire pour ne confier le gouvernement de la chose publique qu’aux meilleurs citoyens. Ces individus privilégiés ne le sont pas d’abord de droit, mais seulement de fait. Ils ont été élus par le peuple parce qu’ils sont les plus intelligents, les plus habiles, les plus sages, les plus courageux et les plus dévoués. Pris dans la masse des citoyens, supposés tous égaux, ils ne forment pas encore de classe à part, mais un groupe d’hommes privilégiés par la seule nature, et distingués pour cela même par l’élection populaire. Leur nombre est nécessairement fort restreint, car en tout temps et dans tout pays, la quantité d’hommes doués de qualités tellement remarquables, qu’ils s’imposent comme d’eux-mêmes au respect unanime d’une nation, est, comme l’expérience nous l’apprend, très peu considérable. Donc, sous peine de faire de mauvaises élections, le peuple sera toujours forcé de choisir ses gouvernants parmi eux.

Voici donc la société partagée en deux catégories, pour ne pas dire encore en deux classes, dont l’une, composée de l’immense majorité des citoyens, se soumet librement au gouvernement de ses élus ; l’autre, formée d’un petit nombre de natures privilégiées, reconnues et acceptées comme telles par le peuple, et chargées par lui de le gouverner. Dépendants de l’élection populaire, ils ne se distinguent d’abord de la masse des citoyens que par les qualités mêmes qui