les ont recommandés à leur choix, et sont naturellement, parmi tous, les citoyens les plus utiles et les plus dévoués. Ils ne se reconnaissent encore aucun privilège, aucun droit particulier, excepté celui d’exercer, tant que le peuple le veut, les fonctions spéciales dont ils sont chargés. Du reste, par leur manière de vivre, par les conditions et les moyens de leur existence, ils ne se séparent aucunement de tout le monde, de sorte qu’une parfaite égalité continue de régner entre tous.
Cette égalité peut-elle se maintenir longtemps ? Nous prétendons que non, et rien de plus facile que de le démontrer.
Rien n’est aussi dangereux pour la morale privée de l’homme que l’habitude du commandement. Le meilleur homme, le plus intelligent, le plus désintéressé, le plus généreux, le plus pur, se gâtera infailliblement et toujours à ce métier. Deux sentiments inhérents au pouvoir ne manquent jamais de produire cette démoralisation : le mépris des masses populaires et l’exagération de son propre mérite.
Les masses, reconnaissant leur incapacité de se gouverner par elles-mêmes, m’ont élu pour leur chef. Par là elles ont hautement proclamé leur infériorité et ma supériorité. Parmi cette foule d’hommes, reconnaissant moi-même à peine quelques égaux, je suis seul capable de diriger la chose publique. Le