Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/224

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rales et particulières qui ont déterminé son organisation individuelle, — ce que l’on appelle improprement son âme : ses capacités intellectuelles et morales, sont les produits directs ou, pour mieux dire, l’expression naturelle, immédiate de cette organisation même et notamment du degré de développement organique auquel, par le concours de toutes ces causes indépendantes de sa volonté, est arrivé son cerveau.

Tout individu, même le plus modeste, est le produit des siècles ; l’histoire des causes qui ont concouru à sa formation n’a point de commencement. Si nous avions le don qu’aucun ne possède et ne possédera jamais : celui de reconnaître et d’embrasser l’infinie diversité des transformations de la matière ou de l’Être qui se sont fatalement succédé seulement depuis la naissance de notre globe terrestre jusqu’à la sienne, nous pourrions, sans l’avoir connu jamais, dire avec une précision presque mathématique quelle est sa nature organique, déterminer jusqu’aux moindres détails la mesure et le caractère de ses facultés intellectuelles et morales, — son âme en un mot, telle qu’elle est à la première heure de sa naissance. Dans l’impossibilité où nous sommes d’analyser et d’embrasser toutes ces transformations successives, nous dirons sans crainte de nous tromper, que tout individu humain, au moment où il naît, est entièrement le produit du développement historique, c’est-à-dire