Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/231

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en naissant des prédispositions morales quelconques ?

Nous ne le pensons pas. Pour mieux poser la question, reconnaissons d’abord que, si l’existence de qualités morales innées était admissible, cela ne pourrait être qu’à condition qu’elles soient attachées dans l’enfant nouveau-né à quelque détermination ou particularité physiologique, toute matérielle de son organisme : l’enfant au sortir des entrailles de sa mère n’a encore ni âme, ni esprit, ni sentiments, ni même instincts ; il naît à tout cela ; il n’est donc qu’un être physique, et ses facultés et ses qualités, s’il en a, ne peuvent être qu’anatomiques et physiologiques. Ainsi pour qu’un enfant puisse naître bon, généreux, dévoué, courageux ou bien méchant, avare, égoïste et lâche, il faudrait que chacune de ces qualités ou chacun des défauts correspondent à autant de particularités matérielles et pour ainsi dire locales de son organisme, et notamment de son cerveau, ce qui nous ramènerait au système de Gall qui croyait avoir trouvé, pour chaque qualité et pour chaque défaut, sur le crâne, soit des bosses, soit des cavités correspondantes, comme on sait unanimement rejeté par tous les physiologistes modernes.

Mais si elle était fondée, qu’en résulterait-il ? Les défauts, les vices aussi bien que les bonnes qualités, étant innés, il resterait à savoir s’ils peuvent être vaincus ou non par l’éducation ? Dans le premier cas,