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Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/243

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sa force physique, — nous dirons, avec pleine certitude de ne pouvoir être sérieusement contredits par personne, que tout enfant, tout adulte, tout jeune homme et enfin tout homme mûr est le pur produit du monde qui l’a nourri et qui l’a élevé dans son sein — un produit fatal, involontaire et par conséquent irresponsable.

Il entre dans la vie sans âme, sans conscience, sans l’ombre d’une idée ou d’un sentiment quelconque, mais avec un organisme humain dont l’individuelle nature se trouve déterminée par une infinité de circonstances et de conditions, antérieures à la naissance même de sa volonté, et qui détermine à son tour sa plus ou moins grande capacité d’acquérir et de s’approprier des sentiments, des idées et des associations de sentiments et d’idées élaborées par des siècles et transmises à chacun comme un héritage social, par l’éducation qu’il reçoit. Bonne ou mauvaise, cette éducation s’impose à lui — il n’en est aucunement responsable. Elle le forme, autant que sa nature individuelle plus ou moins heureuse le permet pour ainsi dire à son image, de sorte qu’il pense, qu’il sent et qu’il veut ce que tout le monde, autour de lui, veut, sent et pense.

Mais alors, demandera-t-on peut-être, comment expliquer que l’éducation en apparence, du moins la plus identique, produise souvent, sous le rapport du