Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/245

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d’enfance dans lequel elles se trouvent encore toutes les deux maintenant. Mais la différence physiologique des individus, à quelque degré que ce soit, une fois admise, il en résulte évidemment qu’un système d’éducation excellent en lui-même, en tant que système abstrait, peut être bon pour l’un, mauvais pour un autre.

Pour être parfaite, l’éducation devrait être beaucoup plus individualisée qu’elle ne l’est aujourd’hui, individualisée dans le sens de la liberté et uniquement par le respect de la liberté, même dans les enfants. Elle devrait avoir pour objet non la dressure du caractère, de l’esprit et du cœur, mais leur réveil à une activité indépendante et libre, et ne poursuivre d’autre but que la création de la liberté, ni d’autre culte ou plutôt d’autre morale, d’autre objet de respect : que la liberté de chacun et de tous ; que la simple justice, non juridique mais humaine ; la simple raison, non théologique, ni métaphysique, mais scientifique, et le travail tant musculaire que nerveux, comme base première et obligatoire pour tous, de toute dignité, de toute liberté et du droit. — Une telle éducation, répartie largement à tout le monde, aux femmes comme aux hommes, dans des conditions économiques et sociales fondées sur la stricte justice, ferait évanouir bien de soi-disant différences naturelles.

Si imparfaite qu’ait été l’éducation — pourra-t-on