Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/246

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nous répondre, — toujours est-il qu’elle seule ne saurait expliquer ce fait incontestable qu’au sein des familles les plus dépourvues de sens moral, on rencontre assez souvent des individus qui nous frappent par la noblesse de leurs instincts et de leurs sentiments, et qu’au contraire au milieu des familles moralement et intellectuellement les mieux développées, se montrent encore plus souvent des individus bas d’esprit et de cœur ; ce fait semble contredire d’une manière absolue l’opinion qui fait résulter la plus grande partie des qualités intellectuelles et morales de l’homme de l’éducation qu’il a reçue. Mais ce n’est qu’une contradiction apparente. En effet, bien que nous ayons affirmé que dans l’immense majorité des cas l’homme est presque entièrement le produit des conditions sociales au milieu desquelles il se forme, et que nous n’ayons laissé à l’héritage physiologique, aux qualités naturelles qu’il apporte en naissant, qu’une part d’action comparativement assez faible, nous n’avons pas nié cette dernière ; et même nous avons reconnu que dans certains cas exceptionnels, dans les hommes de génie ou de grand talent par exemple, aussi bien que dans les idiots ou dans les natures très perverses, cette part de l’action ou de la détermination naturelle sur le développement de l’individu — détermination aussi fatale que l’influence de l’éducation et de la société, peut être même fort grande. — Le der-