Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/321

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l’explication de cette phrase, on répond ordinairement par une autre : «  La liberté de chaque individu humain ne doit avoir d’autres limites que celle de tous les autres individus. »

En apparence, rien de plus juste, n’est-ce pas ? Et pourtant cette théorie contient en germe toute la théorie du despotisme. Conformément à l’idée fondamentale des idéalistes de toutes les écoles et contrairement à tous les faits réels, l’individu humain apparaît comme un être absolument libre tant et seulement tant qu’il reste en dehors de la société, d’où il résulte que cette dernière, considérée et comprise uniquement comme société juridique et politique, c’est-à-dire comme État, est la négation de la liberté. Voilà le résultat de l’idéalisme, il est tout contraire comme on voit, aux déductions du matérialisme, qui conformément à ce qui se passe dans le monde réel, font procéder la liberté individuelle des hommes de la société, comme une conséquence nécessaire du développement collectif de l’humanité.

La définition matérialiste, réaliste et collectiviste de la liberté tout opposée à celle des idéalistes, est celle-ci : L’homme ne devient homme et n’arrive tant à la conscience qu’à la réalisation de son humanité que dans la société et seulement par l’action collective de la société tout entière ; il ne s’émancipe du joug de la nature extérieure que par le travail