Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/334

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mais la capacité à la fois matérielle et formelle de sentir, de penser, de parler et de vouloir. Il n’apporte avec lui que la faculté de former et de développer les idées, et comme je viens de le dire, une puissance d’activité toute formelle, sans aucun contenu. Qui lui donne son premier contenu ? La société.

Ce n’est pas ici le lieu de rechercher comment se sont formées les premières notions et les premières idées, dont la plupart furent naturellement très absurdes, dans les sociétés primitives. Tout ce que nous pouvons dire avec une pleine certitude, c’est que d’abord elles n’ont pas été créées isolément et spontanément par l’esprit miraculeusement illuminé d’individus inspirés, mais bien par le travail collectif, le plus souvent imperceptible de l’esprit de tous les individus qui ont fait partie de ces sociétés et dont les individus marquants, les hommes de génie n’ont jamais pu donner que la plus fidèle ou la plus heureuse expression, tous les hommes de génie ayant toujours été comme Voltaire, « prenant leur bien partout où ils le trouvaient ». Donc c’est le travail intellectuel collectif des sociétés primitives qui a créé les premières idées. Ces idées ne furent d’abord rien que de simples constatations, naturellement très imparfaites des faits naturels et sociaux et des conclusions encore moins judicieuses tirées de ces faits. Tel fut le commencement de toutes les représentations, ima-