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Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/335

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ginations et pensées humaines. Le contenu de ces pensées, loin d’avoir été créé par une action spontanée de l’esprit humain, lui fut donné d’abord par le monde réel tant extérieur qu’intérieur. L’esprit de l’homme, c’est-à-dire le travail ou le fonctionnement tout à fait organique et par conséquent matériel de son cerveau, provoqué par les impressions tant extérieures qu’intérieures que lui transmettent ses nerfs, n’y ajoute qu’une action toute formelle, consistant à comparer et à combiner ces impressions des choses et des faits en des systèmes justes ou faux. C’est ainsi que naquirent les premières idées. Par la parole ces idées ou plutôt ces premières imaginations se précisèrent, se fixèrent en se transmettant d’un individu humain à un autre ; de sorte que les imaginations individuelles de chacun se rencontrèrent, se contrôlèrent, se modifièrent, se complétèrent mutuellement, et se confondant plus ou moins en un système unique, finirent par former la conscience commune, la pensée collective de la société. Cette pensée transmise par la tradition d’une génération à une autre et se développant toujours davantage par le travail intellectuel des siècles, constitue le patrimoine intellectuel et moral d’une société, d’une classe, d’une nation.

Chaque génération nouvelle trouve à son berceau tout un monde d’idées, d’imaginations et de sentiments qu’elle reçoit comme un héritage des siècles