Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/339

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il fait partie. Et il en est tellement imprégné lui-même, que fût-il ou non personnellement intéressé à les défendre, il en est involontairement, par toutes ses habitudes matérielles, intellectuelles et morales, le complice.

Ce dont il faut s’étonner, ce n’est donc pas de l’action toute-puissante que ces idées, qui expriment la conscience collective de la société, exercent sur la masse des hommes ; mais bien au contraire, qu’il se trouve, dans cette masse, des individus qui ont la pensée, la volonté et le courage de les combattre. Car la pression de la société sur l’individu est immense, et il n’y a point de caractère assez fort, ni d’intelligence assez puissante qui puissent se dire à l’abri des atteintes de cette influence aussi despotique qu’irrésistible.

Rien ne prouve le caractère social de l’homme que cette influence. On dirait que la conscience collective d’une société quelconque, incarnée aussi bien dans les grandes institutions publiques que dans tous les détails de sa vie privée et servant de base à toutes ses théories, forment une sorte de milieu ambiant, une sorte d’atmosphère intellectuelle et morale, nuisible mais absolument nécessaire à l’existence de tous ses membres. Elle les domine, elle les soutient en même temps, les reliant entre eux par des rapports coutumiers et nécessairement déterminés par elle--