Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/348

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tique de l’Église, apparaît dans toute sa franchise cynique dans le Protestantisme, qui est une sorte de « sauve qui peut » religieux.

Les métaphysiciens à leur tour s’efforcent de pallier cet égoïsme qui est le principe inhérent et fondamental de toutes les doctrines idéales, en parlant fort peu, aussi peu que possible des rapports de l’homme avec Dieu, et beaucoup des rapports mutuels des hommes. Ce qui n’est pas du tout beau, ni franc, ni logique de leur part ; car du moment qu’on admet l’existence de Dieu, on est forcé de reconnaître la nécessité des rapports de l’homme avec Dieu ; et on doit reconnaître qu’en présence de ces rapports avec l’être absolu et suprême, tous les autres rapports sont nécessairement simulés. Ou bien Dieu n’est pas Dieu, ou bien sa présence absorbe, détruit tout. Mais passons…

Les métaphysiciens cherchent donc la morale dans les rapports des hommes entre eux, et en même temps, ils prétendent qu’elle est un fait absolument individuel, une loi divine écrite dans le cœur de chaque homme, indépendamment de ses rapports avec d’autres individus humains. Telle est la contradiction inextricable sur laquelle est fondée la théorie morale des idéalistes. Du moment que je porte antérieurement à tous mes rapports avec la société et par conséquent indépendamment de toute influence de cette