en comparaison de l’éternité. On doit donc gouverner les masses non en vue de cette félicité grossière que nous donnent les puissances matérielles sur la terre, mais en vue de leur salut éternel. Les privations et les souffrances matérielles peuvent être même considérées comme un manque d’éducation, étant prouvé que trop de jouissances corporelles tuent l’âme immortelle. Mais alors la contradiction disparaît : exploiter et gouverner signifient la même chose, l’un complétant l’autre et lui servant à la fin de moyen et de but.
Explotation et Gouvernement, le premier donnant les moyens de gouverner, et constituant la base nécessaire aussi bien que le but de tout gouvernement, qui à son tour garantit et légalise le pouvoir d’exploiter, sont les deux termes inséparables de tout ce qui s’appelle politique. Dès le début de l’histoire, ils ont formé proprement la vie réelle des États : théocratiques, monarchiques, aristocratiques et voire même démocratiques. Antérieurement et jusqu’à la grande révolution de la fin du XVIIIe siècle, leur liaison intime avait été masquée par les fictions religieuses, loyales et chevaleresques ; mais depuis que la main brutale de la bourgeoisie eut déchiré tous les voiles, d’ailleurs passablement transparents, depuis que son souffle révolutionnaire eut dissipé toutes ses vaines imaginations, derrière lesquelles l’Église et l’État, la