Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/169

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plus intelligente, la plus énergique, la plus franche, d’étreindre beaucoup de questions et d’intérêts à la fois, toute dictature, tant individuelle que collective, en tant que formée d’un ou plusieurs personnages officiels, étant nécessairement très bornée, très aveugle, et incapable ni de pénétrer dans les profondeurs, ni d’embrasser toute la largeur de la vie populaire, — aussi bien qu’il est impossible pour le plus puissant vaisseau de mesurer la profondeur et la largeur de l’océan ; et ensuite, de soulever des résistances, parce que tout acte d’autorité et de puissance officielle, légalement imposée, réveille nécessairement dans les masses un sentiment de révolte, la réaction.

Que doivent donc faire les autorités révolutionnaires, — et tâchons qu’il y en ait aussi peu que possible — que doivent-elles faire pour étendre et pour organiser la révolution ? Elles doivent non la faire elles-mêmes par des décrets, non l’imposer aux masses, mais la provoquer dans les masses. Elles doivent non leur imposer une organisation quelconque, mais, en suscitant leur organisation autonome de bas en haut, travailler à l’aide de l’influence individuelle sur les hommes les plus intelligents de chaque localité, pour que cette organisation soit autant que possible conforme aux vrais principes. Tout le secret de la réussite est là.

Que ce travail rencontre d’immenses difficultés, qui peut en douter ? Mais qu’en pense-t-on que la révolution soit un jeu d’enfants, et qu’on puisse la faire sans vaincre des difficultés innombrables ? Les révo-