Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/381

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qui est la question principale quand il s’agit de mesurer la sincérité des sentiments, des principes |19 et du patriotisme bourgeois. Règle générale : Voulez-vous reconnaître d’une manière infaillible si le bourgeois veut sérieusement telle ou telle chose ? Demandez si, pour l’obtenir, il a sacrifié de l’argent. Car soyez-en certain, lorsque les bourgeois veulent quelque chose avec passion, ils ne reculent devant aucun sacrifice d’argent. N’ont-ils pas dépensé des sommes immenses pour tuer, pour étouffer la république en 1848 ? Et plus tard n’ont-ils pas voté avec passion tous les impôts et tous les emprunts que Napoléon III leur a demandés, et n’ont-ils pas trouvé dans leurs coffres-forts des sommes fabuleuses pour souscrire à tous ces emprunts ? Enfin proposez-leur, montrez-leur le moyen de rétablir en France une bonne monarchie, bien réactionnaire, bien forte et qui leur rende, avec ce cher ordre public et la tranquillité dans les rues, la domination économique, le précieux privilège d’exploiter sans pitié ni vergogne, légalement, systématiquement, la misère du prolétariat, et vous verrez s’ils seront chiches !

Promettez-leur seulement qu’une fois les Prussiens chassés du territoire de la France, on rétablira cette monarchie, soit avec Henry V, soit avec un duc d’Orléans, soit même avec un rejeton de l’infâme Bonaparte, et persuadez-vous bien que leurs coffres-forts s’ouvriront aussitôt et qu’ils y trouveront tous les moyens nécessaires à l’expulsion des Prussiens. Mais on leur promet la république, le