Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/425

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Confisquer ces biens n’était pas seulement un droit, c’était et cela reste encore un devoir. Car le parti bonapartiste n’est point un parti ordinaire, historique, sorti organiquement et d’une manière régulière des développements successifs, religieux, politiques et économiques du pays, et fondé sur un principe national quelconque, vrai ou faux. C’est une bande de |56 se brigands, d’assassins, de voleurs, qui, s’appuyant d’un côté sur la lâcheté réactionnaire d’une bourgeoisie tremblante devant le spectre rouge, et encore rouge elle-même du sang des ouvriers de Paris qu’elle avait versé de ses mains, et de l’autre sur la bénédiction des prêtres et sur l’ambition criminelle des officiers supérieurs de l’armée, s’était nuitamment emparée de la France : « Une douzaine de Robert Macaires de la vie élégante, rendus solidaires par le vice et par une détresse commune, ruinés, perdus de réputation et de dettes, pour se refaire une position et une fortune, n’ont pas reculé devant un des plus affreux attentats connus dans l’histoire. Voilà en peu de mots toute la vérité sur le coup d’État de décembre. Les brigands ont triomphé. Ils règnent depuis dix-huit ans sans partage sur le plus beau pays de l’Europe, et que l’Europe considère avec beaucoup de raison comme le centre du monde civilisé. Ils ont créé une France officielle à leur image. Ils ont gardé à peu près intacte l’apparence des institutions et des choses, mais ils en ont bouleversé le fond en le ravalant au niveau de leurs mœurs et de leur propre esprit. Tous