Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/474

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n’est pas éloigné peut-être où ils pourront se constituer en une véritable |94 puissance. Ils y tendent d’une manière, il est vrai, qui ne me paraît pas la meilleure pour atteindre ce but. Au lieu de chercher à former une puissance franchement révolutionnaire, négative, destructive de l’État, la seule qui, selon ma conviction profonde, puisse avoir pour résultat l’émancipation intégrale et universelle des travailleurs et du travail, ils désirent, ou plutôt ils se laissent entraîner par leurs chefs à rêver, la création d’une puissance positive, l’institution d’un nouvel État ouvrier, populaire (Volksstaat), nécessairement national, patriotique et pangermanique, ce qui les met en contradiction flagrante avec les principes fondamentaux de l’Association Internationale, et dans une position fort équivoque vis-à-vis de l’Empire prusso-germanique nobiliaire et bourgeois |82 que M. de Bismarck est en train de pétrir. Ils espèrent sans doute que par la voie d’une agitation légale d’abord, suivie plus tard d’un mouvement révolutionnaire plus prononcé et plus décisif, ils parviendront à s’en emparer et à le transformer en un État purement populaire. Cette politique, que je considère comme illusoire et désastreuse, imprime tout d’abord à leur mouvement un caractère réformateur et non révolutionnaire, ce qui d’ailleurs tient peut-être aussi quelque peu à la nature particulière du peuple allemand, plus disposé aux réformes successives et lentes qu’à la révolution. Cette politique offre encore un autre grand désavantage, qui n’est