Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/525

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eux les débris du pouvoir spirituel du pape, ou à se constituer chefs de l’Église dans les limites de leurs États respectifs, nous la retrouverons également dans d’autres pays monarchiques protestants, en Angleterre, par exemple, et en Suède ; mais ni dans l’une, ni dans l’autre, elle ne parvint à triompher du fier sentiment d’indépendance qui s’était réveillé dans les peuples. En |118 Suède, en Danemark et en |137 Norvège, le peuple, et la classe des paysans surtout, sut maintenir sa liberté et ses droits tant contre les envahissements de la noblesse que contre ceux de la monarchie. En Angleterre, la lutte de l’Église anglicane, officielle, avec les Églises libres des presbytériens d’Écosse et des indépendants d’Angleterre, aboutit à une grande et mémorable révolution, de laquelle date la grandeur nationale de la Grande-Bretagne. Mais en Allemagne le despotisme si naturel des princes ne rencontra pas les mêmes obstacles. Tout le passé du peuple allemand, si plein de rêves, mais si pauvre de pensées libres et d’action ou d’initiative populaire, l’ayant fondu, pour ainsi dire, dans le moule de la pieuse soumission et de l’obéissance respectueuse, résignée et passive, il ne trouva pas en lui-même, dans ce moment critique de son histoire, l’énergie et l’indépendance, ni la passion nécessaire pour maintenir sa liberté contre l’autorité traditionnelle et brutale de ses innombrables souverains nobiliaires et princiers. Dans le premier moment d’enthousiasme, il avait pris, sans doute, un élan magnifique. Un moment, l’Allemagne sembla trop étroite pour con-