Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/524

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|117 Il a été très heureux pour la Suisse que le concile de Strasbourg, dirigé, dans cette même année, par Zwingli et Bucer, ait repoussé cette constitution de l’esclavage ; une constitution soi-disant religieuse et qui l’était en effet, puisqu’au nom de Dieu même elle consacrait le pouvoir absolu des princes. Sortie presque exclusivement de la tête théologique et savante du professeur Mélanchthon, sous la pression évidente du respect profond, illimité, inébranlable, servile, que tout bourgeois et professeur allemand bien né éprouve pour la personne de ses maîtres, elle fut aveuglément acceptée par le peuple allemand parce que ses princes l’avaient acceptée ; symptôme nouveau de l’esclavage historique, non seulement extérieur, mais intérieur, qui pèse sur ce peuple.

|136 Cette tendance, d’ailleurs si naturelle, des princes protestants de l’Allemagne à partager entre


    il suffit de |117 lire la formule de la déclaration ou promesse écrite que tout ministre de cette Église, dans le royaume de Prusse, doit signer et jurer d’observer avant d’entrer en |136 fonctions. Elle ne surpasse pas, mais certainement elle égale en servilité les obligations qui sont imposées au clergé russe. Chaque ministre de l’Évangile en Prusse prête le serment d’être pendant toute sa vie un sujet dévoué et soumis de son seigneur et maître non pas le bon Dieu, mais le roi de Prusse ; d’observer scrupuleusement et toujours ses saints commandements et de ne jamais perdre de vue les intérêts sacrés de Sa Majesté ; d’inculquer ce même respect et cette même obéissance absolue à ses ouailles, et de dénoncer au gouvernement toutes les tendances, toutes les entreprises, tous les actes qui pourraient être contraires, soit à la volonté, soit aux intérêts du gouvernement. Et c’est à de pareils esclaves qu’on confie la direction exclusive des écoles populaires en Prusse ! Cette instruction tant vantée n’est donc rien qu’un empoisonnement des masses, une propagation systématique de la doctrine de l’esclavage. (Note de Bakounine.)