Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/87

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la liberté. Sa pratique journalière l’amène forcement à la nécessité de restreindre, de diminuer et d’anéantir, lentement ou violemment, selon les circonstances et les temps, la spontanéité des masses gouvernées, et cette négation de la liberté s’étend toujours et partout aussi loin que les conditions politiques et sociales du milieu et l’esprit des populations le permettent.

Ce qui frappe dans cette expulsion de Mazzini par le Conseil fédéral, c’est qu’elle n’a pas même été réclamée par le gouvernement italien. Ce fut un acte spontané et comme une sorte de bouquet offert à ce dernier par la galanterie des conseillers fédéraux, auxquels M. Melegari, ci-devant patriote et réfugié italien dans cette même Suisse, mais aujourd’hui représentant de la monarchie et de la consorteria italienne près du gouvernement fédéral, avait suggéré qu’une telle preuve de bonne volonté de |5 leur part ne pourrait manquer d’accélérer la conclusion de la grande affaire du chemin de fer du Saint-Gothard.

Si jamais un historien voulait raconter toutes les affaires publiques et privées qui ont été conclues, menées, résolues, à l’occasion de l’établissement à la fois ruineux et utile des chemins de fer en Europe, on verrait s’élever une montagne d’immondices plus haute que le Mont-Blanc.

Le Conseil fédéral a voulu sans doute contribuer à l’élévation de cette montagne en prêtant une oreille complaisante aux suggestions de M. Melegari. D’ailleurs, en expulsant Mazzini, le Conseil fédéral fai-