Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/293

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aucun cas, être conçue, sans entraîner, de toute nécessité, la cessation simultanée de la vie animale. Quant au second aspect, jusqu’ici beaucoup mieux éclairci, chacun peut aisément reconnaître, soit pour les phénomènes dirritabilité ou pour ceux de la sensibilité, qu’ils sont essentiellement dirigés, à un degré quelconque de l’échelle animale, par les besoins généraux de la vie organique, dont ils perfectionnent le mode fondamental, soit en lui procurant de meilleurs matériaux, soit en prévenant ou écartant les influences défavorables  : les fonctions intellectuelles et morales n’ont point elles-mêmes ordinairement d’autre office primitif. Sans une telle destination générale, l’irritabilité dégénérerait nécessairement en une agitation désordonnée et la sensibilité en une vague contemplation : dès lors, ou l’une, ou l’autre, détruirait bientôt l’organisme par un exercice immodéré, ou elles s’atrophieraient spontanément, faute de stimulation convenable. C’est |145 seulement dans l’espèce humaine, et parvenue même à un haut degré de civilisation, qu’il est possible de concevoir une sorte d’inversion de cet ordre fondamental, en se représentant, au contraire, la vie végétative comme essentiellement subordonnée à la vie animale, dont elle est seulement destinée à permettre le développement, ce qui constitue, ce me semble, la plus noble notion qu’on puisse se former de l’humanité proprement dite, distincte de l’animalité : encore une telle transformation ne devient-elle possible, sous peine de