Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/316

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hutte sauvage, a été forcé plus tard de moudre son blé. C’est ainsi qu’un des éléments les plus destructeurs, le feu, arrangé convenablement, a donné à l’homme une bienfaisante chaleur, et une nourriture moins sauvage, plus humaine. On a observé que les singes les plus intelligents, une fois que le feu a été allumé, savent bien venir s’y chauffer, mais qu’aucun n’a su en allumer un lui-même, ni même l’entretenir en y jetant du bois nouveau. Il est indubitable aussi que bien des siècles se passèrent avant que l’homme, sauvage, et aussi peu intelligent que les singes, ait appris cet art aujourd’hui si rudimentaire, si trivial et en même temps si précieux d’attiser et de manier le feu pour son propre usage. Aussi les mythologies anciennes ne manquèrent-elles pas de diviniser l’homme ou plutôt les hommes qui en surent tirer parti les premiers. Et, en général, nous devons supposer que les arts les plus simples, et qui constituent à cette heure les bases de l’économie domestique des populations les moins civilisées, ont coûté des efforts immenses d’invention aux premières générations humaines. Cela explique la lenteur désespérante du développement humain pendant les premiers siècles de l’histoire, comparé au rapide développement de nos jours.

Telle est donc la manière dont l’homme a transformé et continue de transformer, de vaincre et de maîtriser son milieu, la nature extérieure. Est-ce par une révolte contre les lois de cette nature universelle qui, embrassant tout ce qui |163 est, constitue aussi