Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/89

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trop contredite par les faits. Il faudrait alors attribuer à l’inspiration divine toutes les absurdités et les erreurs qui se manifestent, et toutes les horreurs, les turpitudes, les lâchetés et les sottises qui se commettent dans le monde humain. Donc, il n’y a dans ce monde que peu d’hommes divinement inspirés. Ce sont les grands hommes de l’histoire, les génies vertueux, comme dit l’illustre citoyen et prophète italien Giuseppe Mazzini. Immédiatement inspirés par Dieu même et s’appuyant sur le consentement universel, exprimé par le suffrage populaire, — Dio e Popolo, — ils sont appelés à gouverner les sociétés humaines[1].

|186 Nous voilà retombés dans l’Église et dans l’État. Il est vrai que dans cette organisation nouvelle, établie, comme toutes les organisations politiques anciennes, par la grâce de Dieu, mais appuyée cette fois, au moins pour la forme, en guise de concession nécessaire à l’esprit moderne, et comme dans les préambules des décrets impériaux de Napoléon III, sur la volonté (fictive) du peuple, l’Église ne s’appellera plus l’Église, elle s’appellera l’École. Mais sur les bancs de cette école ne seront pas assis seulement les enfants : il y aura le mineur éternel, l’écolier reconnu à jamais incapable de su-

  1. Il y a six à sept ans, à Londres, j’ai entendu M. Louis Blanc exprimer à peu près la même idée : « La meilleure forme de gouvernement », m’a-t-il dit, « serait celle qui appellerait toujours aux affaires les hommes de génie vertueux ». (Note de Bakounine.)