Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/12

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tion ; mais il faudra que l’initiative soit reçue du dehors. Pour la Suisse, Bakounine l’exécute en une phrase dédaigneuse : « Si le monde humain allait mourir, ce n’est pas la Suisse qui le ressusciterait. Passons. » Il s’arrête ensuite à l’Allemagne, où le Parti ouvrier de la démocratie socialiste, récemment fondé, s’est constitué sur la base du socialisme d’État ; Bakounine fait une critique serrée du programme de ce parti, mais en même temps il rend hommage à son chef, Marx, « une grande intelligence armée d’une science profonde, et dont la vie tout entière, on peut le dire sans flatterie, a été vouée exclusivement à la plus grande cause qui existe aujourd’hui, celle de l’émancipation du travail et des travailleurs ».

Il faut signaler, dans le Manuscrit de 114 pages rédigé à Marseille, un passage bien remarquable (dont une première version se trouve déjà, à l’état d’ébauche, dans la suite des Lettres à un Français) sur le rôle historique de la France. Bakounine déplore l’infortune de cette « grande nation », à ce moment « menacée du sort de la Pologne », de cette France « dont l’histoire depuis 1789 et 1793 n’a été rien qu’une protestation énergique et qu’une lutte incessante de la lumière contre les ténèbres, du droit humain contre les mensonges du droit divin et du droit juridique ». Il montre que l’asservissement de la France et le triomphe de l’Allemagne feraient retomber toute l’Europe dans la misère et dans l’esclavage des siècles passés : « Il me semble que quand ce grand soleil de la France s’éteindra, il y aura éclipse partout, et que toutes les lanternes plus ou moins bigarrées qu’allumeront les savants raisonneurs de l’Allemagne ne sauront compenser cette grande et simple clarté que versait sur le monde l’esprit de la France ».

Dans le Préambule (pour la seconde livraison de L’Empire knouto-germanique), la Commune de Paris est glorifiée. Bakounine écrit : « Je suis un partisan de la