Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/126

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soldats. Pour les chefs supérieurs, ils auraient pu trouver un autre mode d’élection ou de désignation, toujours en dehors du règlement et de la routine militaire. De cette manière ils auraient en même temps révolutionné et discipliné ces tronçons de l’armée française, qui restent clairsemés dans les provinces, et qui se trouvent encore aujourd’hui dans un état très inquiétant d’indiscipline et de réaction.

Quant aux munitions et aux armes, on peut toujours en acheter, lorsqu’on a à sa disposition beaucoup d’argent. Donc la principale question, c’est celle de l’argent. Où le prendre ? Mais partout où il se trouve. Ne s’agit-il pas du salut de la France, c’est-à-dire du salut de tous les Français ? |22 Plus que cela, ne s’agit-il pas de la liberté de l’Europe, qui, si la France succombait sous les baïonnettes prussiennes, aurait à supporter un esclavage de cinquante ans au moins ? Dans de pareilles circonstances, lorsqu’on s’appelle gouvernement de la Défense nationale, ce n’est pas seulement un droit, c’est un devoir de prendre à tous les Français, en observant sans doute une juste proportion, tout ce qui est nécessaire pour le salut de la France : aux uns leur vie, aux autres leur bourse.

« Mais ce serait de la spoliation ! » crieront beaucoup de bonnes gens. Ah ! soyez-en bien certains, ceux qui crient ainsi donneront beaucoup plus volontiers et sans le moindre murmure tout l’argent que leur réclameront les Prussiens, parce que les