Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/173

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bourgeois ? Le peuple de Paris, sans se faire aucune illusion sur la nature des hommes qu’il avait laissé s’installer dans le gouvernement de la Défense nationale, crut avoir créé néanmoins un gouvernement révolutionnaire capable de sauver la France.

Le peuple de Paris s’est trompé. Il paraît que désormais aucun événement, si grand et si terrible qu’il soit, n’est capable d’agrandir la nature et d’élargir l’esprit d’un bourgeois. C’est une affaire de physiologie sociale, voilà tout. La bourgeoisie n’a plus d’âme, elle est morte, et il ne lui reste qu’à se laisser enterrer.

Si les membres du gouvernement de la Défense nationale, oubliant leur passé, leurs misérables prétentions personnelles, et tous les intérêts de leur propre parti, et ne songeant plus qu’au salut de la France, s’étaient mis dès l’abord à la hauteur de la mission qu’ils ont osé accepter, ils auraient compris que la situation et la force même des choses leur commandait d’opposer à l’invasion la Révolution : la seule arme qui restât à la France, mais une arme terrible, et qui, je n’en désespère pas encore, se montrera à elle seule plus puissante que toutes les armées du roi Guillaume, et au besoin même que toutes les armées réunies de tous les despotes de l’Europe.

|64 La Révolution ! Ce mot et cette chose sont capables de ressusciter des morts et de centupler la force des vivants. La Révolution abattra d’un seul coup toutes les infernales intrigues des bonapar-