Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/181

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En l’absence de tout moyen de gouvernement et de toutes les ressources ordinaires de l’État, ils auraient dû humblement reconnaître leur impuissance de gouverner et d’organiser la France, et l’impossibilité absolue dans laquelle ils se trouvaient — eussent-ils même été des hommes mille fois plus intelligents, plus résolus et plus forts qu’ils ne le sont en réalité — d’exercer un pouvoir dictatorial pour le salut de la France. Car que peuvent quelques hommes, si puissants qu’ils soient d’intelligence et de caractère, au milieu d’un État désorganisé et dissous, et lorsqu’ils se voient privés de tous les moyens qui peuvent donner à l’action dictatoriale une consistance réelle ? Que pourraient faire un ou plusieurs généraux, même les meilleurs du monde, si on leur donnait à commander une armée, mais sans état-major d’officiers capables d’organiser cette armée et de lui transmettre leurs ordres ?

Telle a été précisément la situation des membres du gouvernement de la Défense nationale dès le premier jour de leur installation au pouvoir. J’ai parlé des meilleurs généraux, mais, si ces messieurs voulaient se rendre justice, ils commenceraient par avouer franchement qu’en présence de l’œuvre immense qu’ils ont osé si présomptueusement assumer sur leurs épaules débiles, après avoir donné tant de preuves d’incapacité, d’aveuglement incroyable, d’irrésolution honteuse et de complète impuissance, on ne peut pas même les appeler |71 des généraux médiocres. Y a-t-il un seul homme capable de réso-