Aller au contenu

Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps, à la personne de M. Rochefort, a été plutôt le produit d’une série de circonstances exceptionnelles et d’une position toute particulière qui en était résultée, que celui de sa valeur personnelle. Et, à la fin, nous arrivons à cette conclusion, qu’excepté le général Trochu, dont la mission d’ailleurs se borne à la défense de Paris, il n’y a dans ce malheureux gouvernement de la Défense nationale pas un seul homme capable de gouverner la France aujourd’hui, à moins que ce ne soit M. Léon Gambetta.

M. Gambetta a suivi une ligne parfaitement opposée à celle de M. Rochefort. Autant ce dernier a voulu n’être rien que le fidèle représentant du peuple, autant M. Gambetta s’est étudié à ne représenter que la classe bourgeoise. Il est un homme trop bien élevé pour ne point détester du fond de son âme tout ce qui ressemble à un mouvement populaire. Sa nature délicate, élégante, se révolte au rude contact du peuple, au son de sa voix grossière. M. Gambetta tient à passer pour un homme de bonne société et un homme d’État avant tout ; et au point de vue de cette société, aussi bien qu’à celui de l’État, les basses classes qui composent la vile multitude sont faites pour obéir, pour se laisser gouverner, et non pour se mêler directement des affaires de l’État. Aussi, |85 malgré toute sa prudence et son tact généralement apprécié, il n’a su ni taire, ni masquer la répulsion profonde et le dédain qu’il éprouve en présence des aspirations utopiques et des prétentions arrogantes de la populace mo-