Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/310

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bourgeoisement définitif de cette pauvre noblesse ! Revenue, avec les Bourbons ses maîtres, dans les fourgons des armées alliées contre la France, en 1814 et en 1815, elle avait essayé de restaurer son passé, non féodal, mais courtisan. Quinze ans de domination lui suffirent pour faire banqueroute. Fantôme elle-même, non comme propriétaire de la terre, mais comme aristocratie politique, elle entraîna dans sa chute un autre fantôme, son allié et son bénisseur éternel, l’Église. La bourgeoisie, forte de sa richesse et de son intelligence positive, voltairienne, expulsa l’une et l’autre du pouvoir politique et des villes, ensuite de quoi la noblesse aussi bien que l’Église se rabattirent toutes les deux sur les campagnes, et de là date surtout leur influence néfaste sur les paysans.

|12 Exclues de la vie politique par la révolution de Juillet, et par là même se voyant privées tout d’un coup de toute influence sociale dans les grands centres de la civilisation bourgeoise, se trouvant pour ainsi dire forcément exilées de Paris et des autres villes considérables de France, elles se réfugièrent et se fortifièrent dans la France rurale ; et plus alliées que jamais, unissant leurs efforts, l’une apportant le poids de ses richesses matérielles et son influence de grande propriétaire, l’autre son action systématiquement immorale et abêtissante sur la superstition religieuse des paysans et surtout sur celle de leurs femmes, elles parvinrent à les dominer.