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Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/345

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qu’elle n’a jamais la faculté de prévoir, dans la trame qu’elle ourdit sans cesse, espérant qu’elle pourra s’en servir un jour pour étouffer complètement l’intelligence et la liberté du monde. Elle nourrit encore aujourd’hui cet espoir, parce qu’à côté d’une érudition profonde, d’un esprit raffiné et subtil comme le poison du serpent, d’une habileté et d’un machiavélisme formés par la pratique non interrompue de quatorze siècles au moins, elle est douée d’une naïveté incomparable, stupide, produit de son immense infatuation d’elle-même et de son ignorance grossière des idées, des sentiments, des intérêts de l’époque actuelle, et de la puissance intellectuelle et vitale qui, inhérente à l’humaine société, pousse fatalement celle-ci, malgré tous les obstacles, à renverser toutes les institutions anciennes, religieuses, politiques et juridiques, et à fonder sur toutes ces ruines un ordre social nouveau. Rome ne comprend et ne comprendra jamais rien à tout cela, parce qu’elle s’est tellement identifiée avec l’idéalisme chrétien, — dont, n’en déplaise aux protestants et aux métaphysiciens, n’en déplaise aussi au fondateur de la soi-disant nouvelle religion du progrès, le vénérable Mazzini, elle reste toujours la réalisation la plus logique et la plus complète, — que, condamnée à mourir avec lui, elle ne peut voir, ni même imaginer, rien au delà. Il lui paraît qu’au delà de ce monde qui est le sien, et qui constitue proprement tout son être, il ne peut y avoir que la mort. Comme ces vieillards du moyen âge qui,