Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/347

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succès inespérés que l’Église obtint en France, sous le second Empire et grâce à la connivence intéressée de Napoléon III, qu’encouragée outre mesure par des victoires éphémères et faciles, elle a eu la sottise de manifester au monde ébahi ses prétentions monstrueuses, s’assassinant elle-même par une dernière débauche de vieillard, ce qui prouve que, chez elle, la folie qui lui fait croire en l’éternité de son existence est devenue plus forte que cette haute raison séculaire, et pratique, qui lui avait permis de la préserver jusqu’ici ; ce qui prouve aussi qu’elle est bien condamnée |47 à mourir bientôt.

En 1848, l’Église de Rome était encore très sage. Elle avait précisément cette sagesse égoïste des vieillards qui consiste à prolonger leur vie quand même, malgré tout, au détriment du monde qui les entoure, et en faisant même servir à ce but les événements, les circonstances et les choses qui lui paraissent le plus complètement opposés. De cette manière, loin de sacrifier l’intérêt positif du présent au fantôme de l’éternité, ils emploient toute l’énergie qui leur reste à s’assurer du lendemain, laissant au surlendemain le soin des jours à venir, et s’efforçant seulement à prolonger leur existence inutile et malfaisante aussi longtemps que possible. Au lieu d’effrayer le monde par la menace de leur éternité et par les manifestations de leur puissance apparente ou réelle, et pour désarmer la jeunesse ennuyée et paralysée par leur trop longue existence, ils font montre de leur faiblesse et semblent promettre