Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/358

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souveraineté du peuple qui, désormais, servira de marchepied à tous les prétendants au gouvernement des masses, ils ont audacieusement décrété l’esclavage du peuple de l’Internationale.

Si l’Internationale était moins vivace, si elle n’était fondée, comme ils se l’imaginent, que sur l’organisation de centres directeurs, et non sur la solidarité réelle des intérêts et des aspirations effectives du prolétariat de tous les pays du monde civilisé, sur la fédéralisation spontanée et libre des sections et des fédérations ouvrières, indépendamment de toute tutelle gouvernementale, les décrets de ce néfaste Congrès de la Haye, incarnation par trop complaisante et fidèle des théories et de la pratique marxiennes, eussent suffi pour la tuer. Ils eussent rendu à la fois ridicule et odieuse cette magnifique association, à la fondation de laquelle, j’aime à le constater, M. Marx avait pris une part aussi intelligente qu’énergique.

Un État, un gouvernement, une dictature universelle ! Le rêve des Grégoire VII, des Boniface VIII, des Charles-Quint et des Napoléon, se reproduisant sous des formes nouvelles, mais toujours avec les mêmes prétentions, dans le camp de la démocratie socialiste ! Peut-on s’imaginer quelque chose de plus burlesque, mais aussi de plus révoltant ?

Prétendre qu’un groupe d’individus, même les plus intelligents et les mieux intentionnés, seront capables de devenir la pensée, l’âme, la volonté dirigeante et unificatrice du mouvement révolution-