Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/369

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seil général à New-York, laissant ses amis d’hier, les blanquistes, dans la situation fort désagréable de conspirateurs victimes de leur propre conspiration. Deux échecs pareils, se suivant à si court intervalle, ne font pas beaucoup d’honneur à l’esprit français.

Mais on se demande : M. Marx ne se serait-il pas découronné lui-même en envoyant promener le gouvernement de l’Internationale à New-York ? Pas du tout. Nul ne lui fera l’injure de supposer qu’il ait pris ce gouvernement-là au sérieux ni qu’il ait voulu remettre entre des mains inexpérimentées et débiles les destinées de l’Internationale, dont il se considère lui-même en quelque sorte comme le père et un peu trop comme le maître. Son ambition peut le pousser à lui faire beaucoup de mal, il est vrai, mais il ne peut en vouloir la destruction ; et ne serait-ce pas une cause de destruction certaine que ces pouvoirs dictatoriaux accordés à des hommes incapables ? Comment résoudre cette difficulté ?

Elle se résout très simplement pour ceux qui savent ou devinent qu’à l’ombre du gouvernement officiel, apparent, de New-York, on vient d’établir le gouvernement anonyme des soi-disant agents absolument irresponsables, obscurs, mais d’autant plus puissants, de ce gouvernement, en Europe, ou, pour parler clairement, le pouvoir occulte et réel de M. Marx et des siens. Tout le secret de l’intrigue de la Haye est là. Il explique l’attitude à la fois triomphante et tranquille de M. Marx, qui croit tenir désormais toute l’Internationale dans sa