Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/423

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Il est vrai que dans le second Congrès de l’Internationale, tenu en 1867 à Lausanne, des amis malencontreux[1], non des adversaires, ne se rendant pas encore bien compte de la véritable nature de la puissance de cette Association, avaient essayé de remettre sur le tapis la question politique. Mais fort heureusement ils n’aboutirent qu’à cette déclaration platonique, que la question politique était inséparable de la question économique, — une déclaration que chacun de nous peut souscrire[2], puisqu’il est évident que la politique, c’est-à-dire l’institution et les rapports mutuels des États, n’a d’autre objet que d’assurer aux classes gouvernantes l’exploitation légale du prolétariat, d’où il résulte que du moment que le prolétariat veut s’émanciper, il est forcé de prendre en considération la politique, pour la combattre et pour la renverser. Ce n’est pas ainsi que l’entendent nos adversaires ; ce qu’ils ont voulu et ce qu’ils veu-

  1. C’étaient Charles Perron, Jules Monchal, et autres délégués de Genève. En demandant au Congrès de se prononcer sur la question des libertés politiques, ils avaient voulu, simplement, s’assurer que certains délégués parisiens n’étaient pas, comme l’avaient prétendu les blanquistes, des agents du bonapartisme. — J. G.
  2. Bakounine oublie que la déclaration contenait deux alinéas ; le premier se bornait en effet à dire que « l’émancipation sociale des travailleurs est inséparable de leur émancipation politique » ; mais le second ajoutait que « l’établissement des libertés politiques est une mesure première d’une absolue nécessité ». La déclaration fut votée à l’unanimité ; mais parmi les délégués qui la votèrent, un bon nombre — et j’étais de ceux-là — n’avaient encore que des idées très confuses sur le programme de l’Internationale et sur les rapports de la politique avec l’émancipation du prolétariat. — J. G.