Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/429

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correspond fatalement à une exclusion, à une élimination en pratique.

Il ne peut plus y avoir, par exemple, de philosophie sérieuse aujourd’hui qui ne prenne pour point de départ, non positif mais négatif (historiquement devenu nécessaire, comme négation des absurdités théologiques et métaphysiques), l’athéisme. Mais croit-on que |14 si l’on avait inscrit ce simple mot, « l’athéisme », sur la bannière de l’Internationale, cette association aurait pu réunir dans son sein seulement quelques centaines de milliers d’adhérents ? Tout le monde sait que non, non parce que le peuple est réellement religieux, mais parce qu’il croit l’être ; et il croira l’être tant qu’une révolution sociale ne lui aura pas ouvert les moyens de réaliser toutes ses aspirations ici-bas. Il est certain que si l’Internationale avait mis l’athéisme, comme un principe obligatoire, dans son programme, elle aurait exclus de son sein la fleur du prolétariat, — et par ce mot je n’entends pas, comme le font les marxiens, la couche supérieure, la plus civilisée et la plus aisée du monde ouvrier, cette couche d’ouvriers quasi-bourgeois dont ils veulent précisément se servir pour constituer leur quatrième classe gouvernementale, et qui est vraiment capable d’en former une, si l’on n’y met ordre dans l’intérêt de la grande masse du prolétariat, parce que, avec son bien-être relatif et quasi-bourgeois, elle ne s’est par malheur que trop profondément pénétrée de tous les préjugés politiques et sociaux et des étroites