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Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/455

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sociale du prolétariat contre la bourgeoisie, encore dans les limites de la légalité. Les grèves sont une voie précieuse sous ce double rapport, que, d’abord, elles électrisent les masses, retrempent leur énergie morale, et réveillent en leur sein le sentiment de l’antagonisme profond qui existe entre leurs intérêts et ceux de la bourgeoisie, en leur montrant toujours davantage l’abîme qui les sépare désormais irrévocablement de cette classe ; et qu’ensuite, elles contribuent immensément à provoquer et à constituer entre les travailleurs de tous les métiers, de toutes les localités, et de tous les pays, la conscience et le fait même de la solidarité : double action, l’une négative et l’autre positive, qui tend à constituer directement le nouveau monde du prolétariat, en l’opposant d’une manière quasi-absolue au monde bourgeois[1].

C’est une chose digne de remarque que le radicalisme aussi bien que le socialisme bourgeois se sont toujours déclarés les antagonistes acharnés du système des grèves et ont fait et font encore presque partout aujourd’hui des efforts inimaginables pour en détourner le prolétariat. Mazzini n’a jamais voulu entendre parler des grèves ; et si ses disciples, d’ail-

  1. Ici va se produire la digression signalée dans la préface. Bakounine rencontre sous sa plume le nom de Mazzini ; il compare alors entre elles les doctrines de Mazzini et de Marx, puis, s’abandonnant à sa verve vagabonde, il dit toute sorte de choses intéressantes sur les Trades Unions, le fatalisme historique, le partage de la Pologne, le développement de l’idée de l’unité allemande, etc. ; et le manuscrit s’interrompt avant que l’auteur soit revenu au sujet qu’il s’était promis de traiter. — J. G.