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Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/456

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leurs passablement démoralisés, désorientés et désorganisés depuis sa mort[1], prennent aujourd’hui, bien timidement d’ailleurs, leur défense, c’est parce que la propagande de la Révolution sociale a tellement envahi les masses italiennes, et que les revendications sociales se sont manifestées avec une telle puissance dans les différentes grèves qui ont éclaté dernièrement sur beaucoup de points de l’Italie à la fois, qu’ils ont senti que s’ils s’opposaient plus longtemps à ce mouvement irrésistible et formidable, ils se trouveraient bientôt tout seuls.

Mazzini, avec tous les radicaux et les socialistes bourgeois de l’Europe, avait eu bien raison de condamner les grèves, — à son point de vue, cela s’entend. Que voulait-il ? que veulent encore les mazziniens, qui poussent l’esprit de conciliation aujourd’hui jusqu’à s’unir même avec ceux qu’on appelle les |31 radicaux du Parlement italien ? L’établissement d’un grand État unitaire, démocratique et républicain. Pour établir cet État, il faut renverser d’abord celui qui existe, et pour cela le bras puissant du peuple est indispensable. Une fois que le peuple aura rendu ce grand service aux politiciens de l’école mazzinienne, on le renverra naturellement dans ses ateliers ou dans ses campagnes, pour qu’il y reprenne son travail si utile, sous l’égide non plus paternelle, mais fraternelle, quoique non moins autoritaire, du nouveau gouvernement républicain.

  1. Mazzini est mort le 10 mars 1872. — J. G.