Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/63

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leurs exploités du monde entier, et qui devrait, selon moi, être la base principale et unique des associations ouvrières de tous les pays ; cette solidarité internationale est nécessairement sacrifiée au patriotisme, à la passion politique nationale, et il peut arriver que les ouvriers d’un pays, partagés entre ces deux patries, entre ces deux tendances contradictoires : la solidarité socialiste du travail et le patriotisme politique de l’État national, et sacrifiant, comme ils le doivent d’ailleurs s’ils obéissent à l’article Ier du programme du Parti de la démocratie socialiste allemande, sacrifiant, dis-je, la solidarité internationale au patriotisme, se trouveront dans cette malheureuse position d’être unis à leurs compatriotes bourgeois contre les travailleurs d’un pays étranger. C’est ce qui est précisément arrivé aujourd’hui aux ouvriers de l’Allemagne.

Ce fut un spectacle intéressant que de voir la lutte qui, au début de la guerre, s’est élevée au sein des classes ouvrières de l’Allemagne entre les principes du patriotisme allemand, que leur impose le programme de leur |110 parti, et leurs propres instincts profondément socialistes. On avait pu penser d’abord que leur patriotisme l’emporterait sur leur socialisme, et craindre qu’ils ne se laissassent entraîner par l’enthousiasme gallophobe et guerrier de l’im-