mense majorité des bourgeois de l’Allemagne[1]. Dans une grande assemblée ouvrière du Parti de la démocratie socialiste, tenue à Brunswick dans les derniers jours de juillet, on avait prononcé beaucoup de discours frappés au coin du plus pur patriotisme, mais en même temps, et par là même, presque entièrement dénués de sentiments de justice et de fraternité internationale.
Aux adresses généreuses, franchement socialistes et réellement fraternelles des ouvriers de l’Internationale de Paris et d’autres cités de la France, on répondit par des invectives contre Napoléon III, — comme s’il y avait quelque chose de commun entre ce misérable et criminel escroc, qui pendant vingt ans a porté le titre d’empereur des Français, et les ouvriers de la France, — et par le conseil iro-
- ↑ Comme il faut être juste avant tout, je dois constater que plusieurs organes de la démocratie bourgeoise en Allemagne, et plus que les autres la Zukunft de Berlin, ont énergiquement et noblement protesté contre cette furie bourgeoiso-tudesque. Ils ont compris que de la manière dont était posée la question entre Bismarck et Napoléon III, la défaite aussi bien que la victoire des armées de l’Allemagne ne pouvaient attirer sur cette dernière que d’horribles malheurs : dans le premier cas, le pillage des provinces allemandes, |111 le démembrement de l’Allemagne et le joug étranger ; dans le second cas, une dépense non moins énorme en argent et en hommes, et l’esclavage indigène, prussien, bismarckien, l’asservissement de la nation allemande sous les talons d’une monarchie militaire et victorieuse « par la grâce de Dieu », et sous l’insolence de tous les lieutenants poméraniens. Mais à quoi sert de protester, lorsqu’on a la gloire de faire partie d’une grande nation triomphante et qu’on est emprisonné dans le dilemme insoluble de l’État et de la liberté ? (Note de Bakounine.)