Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/67

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l’un a surpassé celle de l’autre. À coquin, coquin et demi, voilà tout. Quant au reste, c’est le même mépris pour l’humanité et pour tout ce qui s’appelle droit humain, morale humaine, et cette |112 conviction, non théorique seulement, mais pratique, journellement exercée et manifestée, que tous les moyens sont bons et que tous les crimes sont permis, quand il s’agit d’atteindre le but suprême de toute politique : la conservation et l’accroissement de la puissance de l’État.

Le comte de Bismarck, qui est un homme d’esprit avant tout, doit bien rire lorsqu’il entend parler de sa morale et de sa vertu politique. S’il prenait ces louanges au sérieux, il pourrait même s’en offenser, parce qu’au point de vue de l’État, vertu et morale ne signifient pas autre chose qu’imbécillité politique. M. de Bismarck est un homme positif et sérieux. Voulant un but, il en veut tous les moyens, et comme c’est en même temps un homme énergique et bien résolu, il ne reculera devant aucun moyen qui pourra servir la grandeur de la Prusse.

Qu’il me soit permis de reproduire, à cette occasion, quelques mots d’un discours que j’ai prononcé, il y a juste deux ans, au Congrès de la Ligue de la paix et de la liberté, tenu à Berne en 1868. Ce fut en quelque sorte mon discours d’adieu, car, ce Congrès du radicalisme bourgeois ayant repoussé le programme socialiste que mes amis et moi lui avions présenté, je suis sorti avec eux de la Ligue. Répondant à des questions et à des attaques sournoises de