même de l’humanité. Il l’est doublement : et comme le contraire de l’humaine liberté et de l’humaine justice (à l’intérieur), et comme interruption violente de la solidarité universelle de la race humaine (à l’extérieur). L’État universel, plusieurs fois essayé, s’est montré toujours impossible, de sorte que tant qu’il y aura État, il y aura des États ; et comme chaque État se présente comme un but absolu, posant le culte de son être comme la loi suprême, à laquelle toutes les autres doivent être subordonnées, il en résulte ceci, que tant qu’il y aura des États, la guerre sera perpétuelle. Tout État doit conquérir ou être conquis. Tout État doit fonder sa puissance sur la faiblesse, et, s’il le peut sans danger pour lui-même, sur l’anéantissement des autres États.
« Messieurs, vouloir ce que veut ce Congrès, vouloir l’établissement d’une justice internationale, d’une liberté internationale et d’une paix éternelle, et vouloir en même temps la conservation des États, serait donc de notre part une contradiction et une naïveté ridicules. Faire changer aux États leur nature est impossible, parce que c’est précisément par cette nature qu’ils sont des États, et ils ne sauraient s’en départir sans cesser d’exister aussitôt. Par conséquent, messieurs, il n’y a pas et il ne peut y avoir d’État bon, juste, vertueux. Tous les États sont mauvais, en ce sens que, par leur nature, par leur base, par toutes les conditions et par le but suprême de leur existence, ils sont tout l’opposé de